marie blanc rouge

Le livre

Laure Gauthier, marie weiss rot / marie blanc rouge, avec une préface de Gilles Jallet
Delatour, 2013

marie a d’emblée compris que la langue maternelle est la langue de l’autre. C’est pourquoi elle parle une langue non maternelle pour trouver ce qui lui est propre et recourt aux néologismes dès que nécessaire pour arracher la langue à la géographie. Surgit ce que marie appelle une « poésie de couloir », une langue entre les langues, parlée par les poètes et les migrants. Il ne s’agit plus d’une poésie des terroirs, mais d’un chant déraciné. La voix de marie menace sans cesse à nouveau d’être étouffée. Les voix figées, attendues, d’Albert, de Frédéric et de Christine sont autant de contrepoints à la sienne dans ce drame bourgeois des temps modernes.

Brice Dillsperger, BodyDouble

Brice Dillsperger, BodyDouble. 23.09.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Courtesy Galerie Air de Paris

Laure Gauthier | marie weiss rot / marie blanc rouge

Le livre de Laure Gauthier, marie weiss rot, est constitué de douze séquences poétiques ou de douze poèmes dialogiques. L’auteur a écrit le texte dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle, l’allemand, et engagé simultanément sa réécriture en langue française (marie blanc rouge) en collaboration avec le traducteur, Laurent Cassagnau.

Aussi bien le texte allemand, mettant en scène une marie francophone en territoire germanophone, que le texte français présentant une marie germanophone en territoire francophone, donnent l’impression d’être traduits et qu’il n’existe pas de langue de départ. On se trouve donc en présence de deux textes qui révèlent l’existence d’un espace entre les langues, un espace au-delà de la langue et de ses territoires. Chacun des quatre personnages développe un autre « tempo de la pensée ». C’est cette musique secrète qui donne au texte sa force de propulsion, qui lui confère son énergie poétique.

Notes de lecture

Laurent Cassagnau : « Ecrire, traduire (contre) l’origine. En lisant, en traduisant marie weiss rot / marie blanc rouge de Laure Gauthier », in : La Main de Thôt, n° 2, traduction, plurilinguisme et langues.

Voir le La revue Pum

Andreas Unterweger, « Übersetzen. Schreiben. Lesen. Zu Laure Gauthier : marie weiss rot / marie blanc rouge », in Manuskripte, Heft 206.

Voir le site : Andreas Unterweger

Xavier Briend : « Crier crier blanc rouge. A propos de marie blanc rouge de Laure Gauthier », juillet 2014, pour le site ardemment.com.

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Note de Yves Boudier sur « marie weiss rot / marie blanc rouge » dans le Cahier Critique de Poésie (CCP) 28, octobre 2014, p. 102, publié par le Centre International de Poésie de Marseille.

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Lectures

Marie weiss rot / marie blanc rouge a fait l’objet de diverses lectures :

« marie weiss rot / marie blanc rouge » : lecture performée à l’Université de Reims Champagne Ardenne, Auditorium de la Présidence le 10 décembre 2013 LIEN

« marie weiss rot » : lecture performée au théâtre kantor (ENS-Lyon) à Lyon (avec le soutien du CERCC et de l’Institut Goethe de Lyon), le 9 avril 2014 ; avec les vidéos de Jean-Marc Chouvel : LIEN

« marie weiss rot / marie blanc rouge » : lecture en français et en allemand à l’Institut Français de Leipzig, le 15 mai 2014.

« marie weiss rot / marie blanc rouge » : lecture à la Librairie les Biens Aimés (Nantes) avec le soutien du CCFA de Nantes, le 15 avril 2014 : LIEN & La librairie Les biens-aimés mardi 15 avril 2014…

« marie weiss rot / marie blanc rouge » : lecture performée le 26 mars 2014 à l’espace Croix-Baragnon de Toulouse (invitation de la compagnie Tabula-Rasa) avec Ruth Orthmann (metteur en scène), et les acteurs Katja Krüger et Yves Gourvil LIEN

« marie weiss rot / marie blanc rouge » : lecture performée à l’Institut Goethe Paris le 28 avril 2014 avec la comédienne Katja Krüger, puis table ronde avec Bernard Banoun (Université de Paris-Sorbonne) et Ruth Orthmann (metteur en scène) : LIEN & PDF

Une lecture performée accompagnée des vidéos et de la musique de Jean-Marc Chouvel le 16 avril 2015 dans le cadre du colloque international « Muttum, Muttmut, mu, musique – les mots tressés par les sons et les images » au Château de Plaisir (Colloque organisé notamment par le Groupe de Recherche d’Histoire (EA 3831), l’Université de Rouen, le laboratoire Milieux, Médias, Médiations, (l3M), de l’Université du Sud-Toulon Var.

 

Une lecture bilingue, Laure Gauthier (allemand) et Katja Krüger (français), comédienne, à la Salle de la Cité, à Rennes, le samedi 30 mai 2015 à 18h30, dans le cadre de la Semaine culturelle Franco-Allemande).

Autour du texte : e-book multimédia et performance

e-book multimédia

Jean-Marc Chouvel a travaillé en étroite collaboration pendant deux ans avec Laure Gauthier à l’élaboration de vidéos (musique électroacoustique, voix, vidéos et texte en allemand sous-titré en français) à partir des monologues de marie, élaborant un film de deux heures, en allemand, sous-titré en français. Ce travail a obtenu l’aide à la maquette du CNC / Dicream, mars 2013.

C’est depuis les blancs du texte que Jean-Marc Chouvel a composé une musique électroacoustique et des vidéos en partant du constat que toutes les langues sont des langues étrangères. Pas seulement l’allemand. C’est ainsi qu’il s’est inscrit musicalement et visuellement dans le prolongement du texte, dans ses interstices et dans les tissages du sens qui s’y opèrent, sans jamais illustrer, sans jamais dupliquer les images qui y sont déployées, pour composer un contrepoint délicat, d’autant plus délicat que le texte lui-même, allant parfois jusqu’à la description de la technique évoquée, interfère avec ces formes d’expression visuelle qui sont devenues tellement disponibles, en permanence à portée de main.
L’image n’est jamais synthétisée, elle est saisie parmi les bribes du réel, à partir d’un double matériau : celui, spécifique, du visage de l’auteure, prononçant son propre texte, et celui de morceaux de films, laissés en déshérence au fil des saisons, des voyages et des émerveillements. Capter le geste même de parler, dans son essence de mouvement intérieur. Les lèvres tracent des contours précis et justes, auxquels nous restons en général inattentifs. Pourtant, les sourds n’apprennent-ils pas à s’en contenter pour saisir les mots de leurs interlocuteurs ? Chaque séquence du texte qui a ce statut de monologue intérieur suggère une énonciation particulière.
En retour, l’image renvoie comme un kaléidoscope des états de prononciation qui prennent sur la surface d’un écran la dimension d’un univers. Avec comme enjeu de rendre à nouveau sensible l’incarnation de la parole.

Extrait : « avalanches » (copyright Jean-Marc Chouvel)
(la vidéo est à écouter avec un casque)
Le site de Jean-marc Chouvel

Quatre des vidéos (voix Laure Gauthier et Pierre de Trégomain ; vidéos et musique Jean-Marc Chouvel, texte Laure Gauthier) seront publiées dans un collectif, parution au 1er semestre 2017, concepteurs : Alexander Dickow et François Rannou.

performance

« marie weiss rot / marie blanc rouge » a été adapté en 2013 à la scène par la metteure en scène Ruth Orthmann avec une scénographie de Manuel Congreta, une conception lumière d’Emmanuel Valette et un dispositif vidéastique de Jean-Marc Chouvel.

Production : Abel Monem pour l’association Autour du cinéma. Les quatre comédiens étaient Katja Krüger (marie) ; Yves Gourvil (Albert) ; Pierre-Jérôme Adjedj (Frederik) et Martine Pascal (Christine).

Le projet a été accueilli en résidence au Centre National Saint-Exupéry de Reims en novembre 2013, il a été soutenu au stade de la maquette par le CNC, le Conseil régional de la Marne, le Centre Saint Exupéry de Reims, le Centre Césaré (centre national de création musicale).